Novembre 2014

Quelle bonne et belle initiative que la Maison des Enfants !

J’ai pu voir, même si j’en étais déjà convaincue, combien le jeu est important pour les enfants à l’hôpital. Dans le contexte de l’hôpital de Niamey, cela me semble encore plus nécessaire étant donné la vétusté des services, le nombre de personnes les fréquentant, sans espace pour que les enfants évoluent en toute sécurité. La Maison des Enfants est un lieu où l’enfant malade peut, non seulement oublier pendant un moment ce corps malade et sa souffrance mais aussi prendre du plaisir à jouer, chanter, dessiner… et maintenant regarder des films. Certains enfants ne veulent même pas partir quand on vient les chercher pour regagner leurs différents services et repartir vers la « réalité ».

Les mamans aussi viennent chercher fraîcheur (climatisation, ventilateurs) et repos. Elles apprécient le fait que leurs enfants bénéficient d’un espace tel que la Maison des Enfants avec des jouets et jeux moteurs (piscine à balles, tunnel, balles, ballons sauteurs, porteurs…). Celles qui ont des bébés en profitent pour « souffler » un peu et s’asseoir avec eux dans un lieu accueillant. Elles aussi peuvent échapper ne serait-ce qu’un instant à leur « réalité ».

Quant à ma participation à la mission TEO 2004 / novembre 2014, j’en garderai des souvenirs inoubliables :

Enfants déformés par la maladie,
Enfant qui malgré sa jambe en moins, rit, joue, participe aux activités, enfant un peu « coquin » !,
Enfant qui reprend certaines de mes expressions comme : Hop là, voilà… lorsqu’il joue ou dessine,
Enfants qui répètent les paroles des chansons en mimant les gestes alors que certains ne parlent pas français,
Enfants qui chantent ces mêmes chansons pendant qu’ils jouent,
Enfants qui regardent les yeux écarquillés les illustrations des livres que je leur ai lus,
Enfants dansant « la capucine » et riant en s’accroupissant au son de « you »,
Enfants se déhanchant et dansant sur les chants africains de Fati,
Enfant de 14 ans, qui plutôt que d’avouer qu’il ne sait pas écrire son prénom sur son dessin préfère partir,
Enfant qui dessine comme un artiste,
Enfants se démaquillant pour être à nouveau maquillés,
Enfant qui ne se lasse pas de regarder des films, surtout « Tarzan »,
Enfants passant chacun leur tour dans le tunnel,
Enfants mangeant dans des sacs en plastique une spécialité à base de mil,
Enfants se pressant autour de moi pour avoir des gommettes qu’ils collent sur des formes rondes de papier, sur du carton…,
Enfants qui tamponnent avec de l’encre des formes qui deviendront ensuite des guirlandes pour décorer la salle pour la fête des 10 ans de TEO,
Enfants qui dessinent puis découpent du plastique pour décorer les fenêtres,
Enfant ayant du mal à découper ; mais il ne veut pas être aidé et persévère en silence jusqu’à y arriver,
Enfant fier de lui mais visage triste,
Enfants qui font la ronde autour du buffet préparé pour la fête,
Enfants « sages » devant ce buffet, n’attendant que le moment de savourer,
Bébé avec une cagoule, endormi sur une natte, sa maman assise sur un pouf lui donnant un biberon,
Bébés couchés sur un tissu à même le sol,
Enfants qui illustrent le livre d’or avec application, considérant comme un privilège de dessiner sur ce livre.

Mères qui nous présentent leurs enfants,
Mères fatalistes et découragées face à la maladie de leurs enfants,
Mère heureuse quand on caresse les jambes inertes de son enfant,
Mère au visage triste observant son enfant,
Mère cachant avec un tissu la tête de son enfant,
Mères revendicatives,
Mères reconnaissantes quand on s’intéresse à leur vécu,
Mères reconnaissantes de ce qui est fait pour leurs enfants par TEO 2004 tant au niveau médical, qu’éducatif,
Mère riante et interpellant les autres quand son enfant fait des bisous à Sylvie où à moi,
Mère qui pour découper une petite forme s’applique et recommence plusieurs fois avant d’y arriver. Cela lui demande beaucoup de concentration mais lorsqu’elle a enfin fini et la colle à la fenêtre, veut recommencer,
Mère fière d’elle montrant son œuvre à une autre mère,
Mère enseignante qui récupère les nappes en papier rose du buffet, après la fête pour les utiliser dans sa classe de 68 enfants,
Mère réalisant une superbe disposition de formes sur une fenêtre avec toutes les chutes de plastique,
Mères qui n’ont jamais vu de film, fixant d’un regard admiratif le grand écran, même si elles ne comprennent pas toujours le déroulement du film,
Mères qui veulent absolument faire maquiller leurs bébés de quelques mois pour la fête,
Mère qui souhaite que je maquille son bébé endormi alors qu’elle lui donne la tétée pour qu’il ne pleure pas ; son sein maquillé par la joue de son enfant.

Fati, reconnaissante de l’attention qu’on lui porte en lui donnant des conseils sur l’aménagement de l’espace, sur le rangement des jeux et du matériel, sur les activités qu’elle peut proposer…,
Fati à l’écoute des techniques de travaux manuels, de lecture de livres, de l’utilisation du vidéoprojecteur…,
Fati, fière, qui veut démontrer à tous qu’une ancienne « fille de salle » et femme sans enfant peut aussi se former et gérer la Maison des Enfants,
Fati qui a écrit une chanson en djerma et haoussa et l’a apprise aux mamans pour nous remercier,
Fati émue aux larmes au moment de notre départ, alors que de mon côté j’avais du mal à retenir les miennes.

Toutes ces images et beaucoup d’autres encore resteront dans mon cœur en souhaitant que ma petite contribution permette à Fati de développer des activités tout au long des prochains mois et de mesurer encore plus l’importance de la Maison des Enfants pour les enfants malades et les mamans.

Pour les enfants hospitalisés mais aussi pour leurs frères, sœurs venus leur rendre visite et les mamans, j’espère que la Maison des enfants pourra encore les accueillir pendant de nombreuses années.

Je souhaite que TEO2004 et la Maison des Enfants continuent d’apporter un bien-être à ces familles et aux enfants, leur permettent de s’épanouir et oublier leur état d’enfants malades quelques heures par jour en découvrant des jeux et activités motrices qu’ils n’ont pas souvent la possibilité de pratiquer.

Je remercie tous les acteurs de cette mission novembre 2014 pour leur implication dans ce projet et pour la place qui m’a été donnée.
Je remercie Sylvie pour les échanges et la bonne entente qui nous a permis de partager nos tâches et nos interventions auprès de Fati, les enfants et les mamans.

Merci à toi Véronique, pour nous avoir guidées, pour ton écoute et ton attention.

Marie-Hélène ABRUNHOSA
Educatrice de Jeunes Enfants
Crèche du Petit Moulin / ONCP – Paris 75014
11/11/2014