Seuls soignants dans les dispensaires de brousse, infirmières et infirmiers tiennent un rôle majeur dans la surveillance et le maintien de la santé communautaire.
A l’hôpital, le personnel infirmier, en nombre restreint, est responsable de la prise en charge d’un grand nombre de patients ; outre l’application des prescriptions médicales, l’observation clinique y a une place privilégiée.
Les objectifs globaux du travail infirmier dans le cadre des missions de Teo2004 ont deux dimensions :
- dispenser une formation spécifique en neurochirurgie pédiatrique en ciblant le personnel infirmier en poste dans les services de pédiatrie et de neurochirurgie
- proposer un programme de formation spécifique en neurochirurgie pédiatrique auprès des étudiants en soins infirmiers des Ecoles Nationales de Santé Publique(ENSP).
Dans les deux cas, des objectifs spécifiques s’articulent autour :
- d’un encadrement et d’une formation pratique sur le terrain, auprès du personnel et des étudiants en stage, tout en s’adaptant aux conditions locales
- d’un enseignement dispensé dans les ENSP
Les premières missions de Teo2004 ont permis de mettre en évidence les besoins, tant sur le terrain que dans les ENSP.
Il existe une forte surpopulation d’enfants dans les services : grandes salles comprenant une vingtaine de lits et il n’est pas rare de voir 2 ou 3 enfants partager le même.
Ces enfants sont accompagnés de leurs parents, des frères et sœurs et parfois des grands-parents.
Le personnel est en nombre réduit : 1 infirmière-major et 2 infirmières le jour (une seule la nuit) pour une salle d’hospitalisation.
Beaucoup de soins sont assurés par les mamans ; seuls les gestes plus techniques comme pansements et injections sont réalisés par les infirmières.
L’organisation des soins et la surveillance des patients pourraient être améliorées par plus d’attention notamment dans l’application des règles d’hygiène de base, l’observation clinique, la relation avec l’enfant, la traçabilité des soins par une transmission écrite pertinente. Les étudiants infirmiers en stage sont nombreux : on en compte parfois autant que d’enfants !
Dans les ENSP, les ateliers de pratique sont quasiment inexistants car les étudiants ne disposent pas ou peu de matériel. Le stage est leur seul moyen de progresser dans la prise en charge des patients et dans l’acquisition de gestes techniques. Ils ont un réel désir d’apprendre mais on ressent de leur part un besoin d’encadrement. Le travail avec eux est passionnant.
Le programme de formation infirmier est sensiblement identique au contenu du programme français, avec une approche par compétences. On ne retrouve pas de module de neurologie spécifique. Au regard de l’enseignement de pédiatrie/chirurgie, un programme de formation en neurologie/neurochirurgie pédiatrique a été établi par Teo2004, pouvant s’intégrer dans les différents modules respectifs à chaque année de formation. C’est lors de la préparation des missions que les cours sont proposés aux Directions des ENSP et certains retenus en fonction du niveau de formation des étudiants.
Les cours dispensés par Teo2004 sont :
1ère année
- examen du nouveau-né (module puériculture)
- surveillance du développement psychomoteur et staturo-pondéral de l’enfant (module puériculture)
- anatomie et physiologie du système nerveux (module anatomie-physiologie des différents systèmes)
- notions d’hygiène (module soins infirmiers)
2ème année
- convulsions, méningites, hydrocéphalie, épilepsie, craniosténoses (module pédiatrie)
- tumeurs cérébrales de l’enfant et soins infirmiers en neurochirurgie (module généralités médico-chirurgicales)
3ème année
- urgences chirurgicales et néonatales : spina bifida (module pédiatrie)
- traumatismes crâniens, hématome sous-dural (module traumatologie)
La préparation d’une mission quant au travail infirmier est indispensable, afin de fixer des objectifs de travail pour assurer une progression et un suivi des actions mises en place. Chaque mission réalisée comporte donc différents axes, au regard des éléments décrits ci-dessus :
– Travail avec l’infirmière-major et les infirmières du service : organisation des soins, respect de l’application des règles d’hygiène de base, surveillance pré et post-opératoire (surveillance neurologique, évaluation de la douleur, surveillance locale des pansements, surveillance des voies d’abord, observation clinique, reprise de l’alimentation et du transit en post-opératoire, surveillance du poids et du périmètre crânien…), réfection des pansements simples et des pansements infectés, traçabilité. Et ceci pour une optimisation des soins.
– Ces objectifs de travail s’appliquent aussi pour les étudiants présents en stage au moment de la mission et des ateliers de pratique sont organisés : pesée, prise du périmètre crânien, réfection de pansements, injections, pose et surveillance de perfusions, en mettant l’accent sur l’importance de l’observation clinique et la relation avec l’enfant : l’étudiant infirmier, l’infirmière étant la première personne, avec la maman, capable de déceler une complication : une aggravation neurologique, une hyperthermie, un pansement qui saigne… et en mesure de prévenir un médecin.
– Concernant la traçabilité des soins infirmiers, Teo2004 a mis en place une feuille de surveillance infirmière lors de la dernière mission à l’Hôpital National de Niamey (novembre 2010). Elle a été travaillée avec l’équipe du service de neurochirurgie et validée par le Professeur Samuila Sanoussi.(feuille de surveillance)
– Les cours dispensés dans les ENSP ont lieu en général l’après-midi. Nous utilisons des supports sur powerpoint ; le document est ensuite laissé au formateur de la promotion.
Ces moments d’enseignement sont très vivants, montrant l’intérêt que portent les étudiants à leur formation et à leurs responsabilités futures. Par les échanges qui s’établissent, ils nous en apprennent autant sur leur culture, leur quotidien, la vie dans les villages, le peu de moyens à leur disposition et avec lesquels ils doivent faire face.
Les unes après les autres, les missions de Teo2004 renforcent ce lien d’amitié et de partage. On remarque une plus grande implication de la part du personnel lors de nos venues. Il faut continuer ce travail d’encadrement et évaluer les outils mis en place. Et, dans tous les cas, il faut veiller à « faire avec » et ne pas « faire à la place de ».
Véronique MAESTRACCI